DS n°42 novembre 2000 Né en Argentine, Alfredo Arias fonde, en compagnie d'amis artistes
et acteurs, le groupe théâtral TSF à Buenos Aires,
qui obtient immédiatement un immense succès avec des créations
originales mêlant le fantastique, la féerie et l'humour
: ce sera Dracula. A partir de 1992, il commence toute une série de créations originales, qui lui permettent d'inventer un nouveau langage théâtral qui mêle danse, musique et dialogues poétiques. C'est la revue Mortadela qui obtient le Molière du meilleur spectacle musical. Puis la revue des Folies Bergères, Fous des Folies, et récemment, Faust Argentin, parodie musicale du thème de Faust, à partir d'un long poème argentin du siècle dernier, pièce dans laquelle il retrouve les planches, comme comédien. Parallèlement, il monte une nouvelle pièce de Copi, Cachafaz et un monologue pour sa comédienne Marilù Marini, Nini, qui obtient un triomphe à Paris, en province et à travers toute l'Argentine. Le cas d'Alfredo Arias est extrêmement singulier en France, dans
la mesure où il aborde des genres divers, pièces du répertoire
classique réinterprétées et créations tout à fait
contemporaines, mais où son univers trouve son unité immédiatement
identifiable. Il rencontre avec un très large public une adhésion
immédiate, grâce à la vitalité et aux fantaisies
de sa troupe à un monde dominé par la féerie, le
rêve, l'humour, le merveilleux. Dans le domaine du cinéma, Alfredo Arias a tourné Fuegos sur un scénario original, Bellavista d'après Colette pour la chaîne culturelle Arte. Il a également supervisé les tournages de Mortadela, Fous des Folies, Faust Argentin pour la télévision et il travaille à plusieurs projets. Sa collaboration étroite avec des écrivains et des dramaturges
le met en contact avec le théâtre contemporain, pour lequel
il a en chantier divers travaux. Parmi les dernières créations on peut citer Carmen à l'Opéra Bastille, La Pluie de Feu de Silvina Ocampo à la Maison de la Culture de Bobigny, La Dame de chez Maxim's en tournée en Italie et parmi ses projets la mise en scène du Barbier de Séville à la Scala de Milan. Alfredo Arias a publié plusieurs de ses pièces en France et il vient d d'achever un roman Folies Fantômes publié depuis avril 1997 aux éditions du Seuil. Il a obtenu de nombreuses récompenses : Bourse de la Fondation Guggeheim, Prix du Plaisir du Théâtre pour Peines de coeur d'une chatte française, Prix de la Critique pour l'interprétation de Marilù Marini dans la Femme assise, Molière d'Espagne pour l'interprète principale de la Marquise Rosalinde, Molière du meilleur spectacle musical pour Mortadela, Pegaso d'Oro pour les Mamelles de Tirésias à Spoleto. Il est Officier des Arts et Lettres. © Théâtre National de Chaillot, Paris
COMMENTAIRES D'ALFREDO ARIAS A PROPOS DE LA DAME AUX CAMELIAS C'est la première fois que j'aborde de plein-pied le mélodrame, que je l'aborde, pour ainsi dire, frontalement. L'occasion m'en a été offerte par l'adaptation que René de Ceccatty a écrite pour Isabelle Adjani du roman d'Alexandre Dumas Fils, La Dame aux carmélias. Une collaboration, maintenant ancienne, commencée avec Mortadela, en 1992, nous a très régulièrement réunis, René et moi, mais c'est son premier texte que je mets en scène sans qu'il ait pour origine un projet conçu, au départ, par moi. Pour moi, jusqu'ici, le mélodrame suivait une implacable logique de la fatalité où devaient intervenir trois éléments essentiels : l'amour, la mort, l'inattendu. Ces trois éléments sont, bien entendus, présents dans la pièce que René a tirée du célèbre mythe de Marguerite Gautier et d'Armand Duval. Mais, à sa lecture, j'ai été agréablement surpris de la présence d'un élément supplémentaire et fondamental : la profondeur. En ajoutant à la description des sentiments une grande gamme de nuances, en suivant les héros dans les sinuosités de la passion, avec ses rebondissements et son accélération, ses revirements et ses envolées, l'écriture même de la pièce ne se réduisait plus à un strict mécanisme mélodramatique, mais permettait, me semble-t-il, de lui redonner des lettres de noblesse. Rapprocher de nous un mythe qui a fait ses preuves depuis un siècle et demi, mais que l'on pouvait craindre lointain, ce but ne pouvait être atteint que si convergeaient, d'une part, la volonté d'accepter le mélodrame non seulement dans sa mécanique, mais aussi dans les subtilités des sentiments représentés, et, d'autre part, l'engagement personnel, émotionnel de toute une troupe autour de nous. Nous avons pu rassembler une équipe artistique et technique et une compagnie d'acteurs vivement motivés, très solidaires les uns des autres, sincèrement engagés dans l'action dramatique, décidés à incarner leurs rôles avec toutes les armes de leur sensibilité, et`portés par la présence d'une comédienne exceptionnelle, dont le rayonnement, le charisme, la discipline, la richesse d'expression rendent au personnage légendaire de Marguerite Gautier une vibration, une vitalité, une émotion immédiates, qui devraient être l'apanage du théâtre, du théâtre tel que je l'aime. © Théâtre Marigny -Robert Hossein, extrait du Programme de la pièce.
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