ALFREDO ARIAS

© Marcel Hartmann
DS n°42 novembre 2000

Né en Argentine, Alfredo Arias fonde, en compagnie d'amis artistes et acteurs, le groupe théâtral TSF à Buenos Aires, qui obtient immédiatement un immense succès avec des créations originales mêlant le fantastique, la féerie et l'humour : ce sera Dracula.
Après un passage remarqué à New-York, il s'installe, encore très jeune, à Paris en 1970. Sa première pièce, Histoire du Théâtre, et sa mise en scène d'Eva Peron de Copi, sont remarquées pour l'originalité de leur ton, leur fantaisie et surtout un regard radicalement neuf sur le théâtre. Suivent alors Comédie Policière (créé dans le prestigieux théâtre de Chaillot, appartenant au Théâtre National Populaire), Luxe, parodie de music-hall, qui est célébrée par une critique dithyrambique dans le cadre du Festival d'Automne et Peines de coeur d'une chatte anglaise, d'après Balzac et Grandville, pièce avec masques, jouée plus de trois cent fois à Paris et reprise à travers le monde entier, et notamment en Italie.
Jusqu'en 1985, le groupe TSF s'installera dans divers théâtres parisiens pour assurer de nombreuses créations parmi lesquelles l'Etoile du Nord, les Jumeaux Vénitiens de Goldoni, la Bête dans la Jungle de Marguerite Duras d'après Henry James, la Femme assise de Copi.
Ses succès critiques et publics lui permettent d'obtenir, en 1985, la direction du Centre Dramatique National d'Aubervilliers où pendant six années il mènera de front un travail sur le répertoire classique, des créations contemporaines ainsi qu'une réinterprétation ironique du music-hall. Marivaux, Maeterlink, Mérimée, Goldoni seront ainsi mis en scène. Sa pièce musicale Famille d'Artistes obtient un tel succès qu'il donnera également en Argentine. Il reviendra à son compatriote, Copi, auteur de prédilection, avec les Escaliers du Sacré-Coeur. Puis sa mise en scène de la Tempête de Shakespeare sera créée dans la cour d'honneur du Palais des papes au cours du Festival d'Avignon.
La Comédie Française l'invite alors à mettre en scène, avec ses comédiens, la Ronde de Schnitzler au Théâtre de l'Odéon.

A partir de 1992, il commence toute une série de créations originales, qui lui permettent d'inventer un nouveau langage théâtral qui mêle danse, musique et dialogues poétiques. C'est la revue Mortadela qui obtient le Molière du meilleur spectacle musical. Puis la revue des Folies Bergères, Fous des Folies, et récemment, Faust Argentin, parodie musicale du thème de Faust, à partir d'un long poème argentin du siècle dernier, pièce dans laquelle il retrouve les planches, comme comédien. Parallèlement, il monte une nouvelle pièce de Copi, Cachafaz et un monologue pour sa comédienne Marilù Marini, Nini, qui obtient un triomphe à Paris, en province et à travers toute l'Argentine.

Le cas d'Alfredo Arias est extrêmement singulier en France, dans la mesure où il aborde des genres divers, pièces du répertoire classique réinterprétées et créations tout à fait contemporaines, mais où son univers trouve son unité immédiatement identifiable. Il rencontre avec un très large public une adhésion immédiate, grâce à la vitalité et aux fantaisies de sa troupe à un monde dominé par la féerie, le rêve, l'humour, le merveilleux.
Réalisateur de cinéma et metteur en scène d'opéra, il donne également aux oeuvres qu'il aborde dans le lyrique une touche tout à fait originale qui aura une grande influence sur la mise en scène lyrique en France et à l'étranger. Il met en scène notamment au festival d'Aix en Provence, les Indes Galantes de Rameau, rendant extrêmement populaire et drôle cet opéra oublié. Des oeuvres réputées difficiles comme The Rake's Progress de Stravinsky, également créé au Festival d'Aix et repris de nombreuses fois, rencontre un très grand succès auprès des mélomanes. Ce sera également le cas de la Veuve Joyeuse des Contes d'Hoffmann (donné dans deux mises en scènes différentes, en Suisse puis à la Scala de Milan, où le succès a été tel que Ricardo Chailly a souhaité retravailler avec lui pour le Barbier de Séville).
En Italie, outre sa collaboration avec la Scala, Alfredo Arias a été lié à l'histoire du Festival de Spoleto depuis de nombreuses années, comme metteur en scène de théâtre et comme metteur en scène d'opéra. Il a créé notamment la Veuve Joyeuse de Lehar, puis les Mamelles de Tirésias de F.Poulenc. Toujours en Italie, il a mis en scène le Songe d'une nuit d'été de B.Britten à Turin, conquérant aussitôt un vaste public, par son univers où s'allie le merveilleux, le comique et le sens lyrique.
Son lien avec l'Italie se resserre avec de nombreux projets et avec une expérience récente à spectacle original de music-hall, Amour, Luxe et pauvreté, qui est présenté notamment au Teatro Valle à Rome, dans le cadre du Festival d'Automne.
Le Teatro Stabile de Gênes vient de l'inviter pour mettre en scène la Dame de chez Maxim's avec la comédienne Maria Angela Melano.

Dans le domaine du cinéma, Alfredo Arias a tourné Fuegos sur un scénario original, Bellavista d'après Colette pour la chaîne culturelle Arte. Il a également supervisé les tournages de Mortadela, Fous des Folies, Faust Argentin pour la télévision et il travaille à plusieurs projets.

Sa collaboration étroite avec des écrivains et des dramaturges le met en contact avec le théâtre contemporain, pour lequel il a en chantier divers travaux.
Son expérience dans les domaines théâtral, lyrique, littéraire et cinématographique le met au centre de courants européens et internationaux. L'argentine, l'Angleterre, les Etats-Unis, l'Espagne et l'Italie inspirent et suscitent ses créations. Son travail lui a permis de collaborer avec des interprètes et des artistes des horizons les plus divers.

Parmi les dernières créations on peut citer Carmen à l'Opéra Bastille, La Pluie de Feu de Silvina Ocampo à la Maison de la Culture de Bobigny, La Dame de chez Maxim's en tournée en Italie et parmi ses projets la mise en scène du Barbier de Séville à la Scala de Milan.

Alfredo Arias a publié plusieurs de ses pièces en France et il vient d d'achever un roman Folies Fantômes publié depuis avril 1997 aux éditions du Seuil.

Il a obtenu de nombreuses récompenses : Bourse de la Fondation Guggeheim, Prix du Plaisir du Théâtre pour Peines de coeur d'une chatte française, Prix de la Critique pour l'interprétation de Marilù Marini dans la Femme assise, Molière d'Espagne pour l'interprète principale de la Marquise Rosalinde, Molière du meilleur spectacle musical pour Mortadela, Pegaso d'Oro pour les Mamelles de Tirésias à Spoleto. Il est Officier des Arts et Lettres.

© Théâtre National de Chaillot, Paris

 

COMMENTAIRES D'ALFREDO ARIAS A PROPOS DE LA DAME AUX CAMELIAS

C'est la première fois que j'aborde de plein-pied le mélodrame, que je l'aborde, pour ainsi dire, frontalement. L'occasion m'en a été offerte par l'adaptation que René de Ceccatty a écrite pour Isabelle Adjani du roman d'Alexandre Dumas Fils, La Dame aux carmélias. Une collaboration, maintenant ancienne, commencée avec Mortadela, en 1992, nous a très régulièrement réunis, René et moi, mais c'est son premier texte que je mets en scène sans qu'il ait pour origine un projet conçu, au départ, par moi.

Pour moi, jusqu'ici, le mélodrame suivait une implacable logique de la fatalité où devaient intervenir trois éléments essentiels : l'amour, la mort, l'inattendu. Ces trois éléments sont, bien entendus, présents dans la pièce que René a tirée du célèbre mythe de Marguerite Gautier et d'Armand Duval. Mais, à sa lecture, j'ai été agréablement surpris de la présence d'un élément supplémentaire et fondamental : la profondeur. En ajoutant à la description des sentiments une grande gamme de nuances, en suivant les héros dans les sinuosités de la passion, avec ses rebondissements et son accélération, ses revirements et ses envolées, l'écriture même de la pièce ne se réduisait plus à un strict mécanisme mélodramatique, mais permettait, me semble-t-il, de lui redonner des lettres de noblesse.

Rapprocher de nous un mythe qui a fait ses preuves depuis un siècle et demi, mais que l'on pouvait craindre lointain, ce but ne pouvait être atteint que si convergeaient, d'une part, la volonté d'accepter le mélodrame non seulement dans sa mécanique, mais aussi dans les subtilités des sentiments représentés, et, d'autre part, l'engagement personnel, émotionnel de toute une troupe autour de nous.

Nous avons pu rassembler une équipe artistique et technique et une compagnie d'acteurs vivement motivés, très solidaires les uns des autres, sincèrement engagés dans l'action dramatique, décidés à incarner leurs rôles avec toutes les armes de leur sensibilité, et`portés par la présence d'une comédienne exceptionnelle, dont le rayonnement, le charisme, la discipline, la richesse d'expression rendent au personnage légendaire de Marguerite Gautier une vibration, une vitalité, une émotion immédiates, qui devraient être l'apanage du théâtre, du théâtre tel que je l'aime.

© Théâtre Marigny -Robert Hossein, extrait du Programme de la pièce.

 
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