"Après la fièvre des premiers jours, vous
prendrez un rythme de croisière, me disait-on. Non
mais, ça va pas ? Croisière comme synonyme
d'automatisme, de confort ? Jamais ! Jamais de
condescendance de jeu. Ce serait inadmissible. Il y a chaque
soir des spectateurs différents, confiants, dans
l'attente d'une rencontre. Et nous sommes liés pour
trois heures, unis, comme dans une église, par un
lien spirituel, une qualité d'amour. Pourquoi avoir
peur du mot ? C'est très inexplicable, encore moins
énonçable, parfois miraculeux. Le
théâtre permet ça dans son
dépouillement et l'impossible tricherie. Des voix qui
font entendre, comme dirait, la vibration d'un autre monde.
Et une résonance entre l'acteur et le spectateur,
d'intériorité à
intériorité." Isabelle ADJANI
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