LA MAISON DE BERNARDA
LES DEBUTS D'ISABELLE C'est à Reims, en 1972, qu'Isabelle Adjani joue avec la troupe de Robert Hossein, La Maison de Bernarda de García Lorca, au côté d'Annie Ducaux. Robert Hossein avait découvert Isabelle dans ses deux premiers films : "Elle m'avait alors subjugué, d'elle se dégageait une lumière admirable, quelque chose d'étonnant, de rarissime". Isabelle n'a que 16 ans, mais il arrive à convaincre ses parents de la laisser étudier le théâtre à Reims dans l'école d'art dramatique qu'il a créée quelques années plus tôt. Seule condition parentale : qu'elle passe son bac ! A l'automne 1971, Isabelle part avec son hamster, s'installe chez Robert Hossein et son épouse qui s'en occupent comme leur propre fille, suit sa terminale au lycée de Reims, et joue sur scène "La maison de Bernarda". La pièce est un triomphe. Annie Ducaux recommande alors sa partenaire à Jean-Paul Roussillon qui prépare une mise en scène de L'Ecole des femmes à la Comédie Française et cherche l'Agnès idéale. La suite est connue... En 1974, du 26 novembre au 21 décembre, "La maison de Bernarda" sera reprise au Théâtre de l'Odéon. Isabelle abandonnera la scène de la Comédie Française peu de temps après pour Truffaut.
LA MAISON DE BERNARDA La Maison de Bernarda est la dernière oeuvre de Federico Garcia Lorca. Il l'a écrite en 1936, dans la prison où l'avaient jeté les Franquistes, deux mois avant son exécution. Elle fait partie de ce que les spécialistes appellent "la trilogie rurale" avec Noces de sang (1932) et Yerma (1934). Jouée pour la première fois en 1945 au Teatro Avenida de Buenos Aires, elle fut longtemps exclue des oeuvres complètes du poète andalou et ne fut présentée en Espagne qu'en janvier 1964. Elle est aujourd'hui une des pièces de Lorca les plus jouées à travers le monde. L'amour, la mort, la frustration, si présents dans La Maison de Bernarda Alba, sont des thèmes qui jalonnent toute l'oeuvre dramaturgique de l'auteur. L'oeuvre ultime de Federico Garcia Lorca nous plonge dans une Espagne exaspérée par l'injustice, les préjugés ou la morale religieuse au seuil de la guerre civile. L'intrigue se déroule dans un petit village andalou, dans les années 1930. Bernarda, la femme la plus aisée du village et mére tyrannique de cinq filles célibataires âgées de 20 à 39 ans, perd son époux at se prépare à huit ans de deuil comme le veulent la règle et la bienséance que Bernarda respecte religieusement. Elle entraîne dans sa décision ses cinq filles et sa mère qu'elle séquestre à cet effet. Toutes les femmes de la maison, gouvernante et servante comprises, seront vêtues de noir et vivront derrière les derrière les volets clos. Jamais elles ne sortent, sauf pour aller à l'église tapies sous leurs voiles noirs, et ne peuvent respirer que dans leur patio. Bernarda, c'est l'orgueil poussé à son comble et dévoré par une soif féroce, inhumaine : celle de la domination. L'aînée des filles, Angustias, issue d'un premier mariage, est laide et riche car elle a hérité du défunt. Appâté par sa dot, Pépé le Romano, le plus beau garçon du village, objet de convoitise pour toutes ces femmes seules et frustrées, demande Angustias en mariage et est admis à lui parler, le soir, devant la grille de sa fenêtre. Toutefois, ce devoir accompli, il va rejoindre dans les ténèbres de la cour la plus jeune soeur, Adela, celle qui croit encore à la vie et n'a pas l'intention de rester enfermée, belle, désirable, mais sans fortune. Epiée par la servante et par sa soeur Martirio jalouse, malgré ses efforts pour dissimuler son secret, Adela ne peut empêcher que celui-ci soit découvert et finit par l'avouer fièrement devant toute la famille. Bernarda, pour étouffer le scandale chasse Pepe hors du village, et Adela croyant son amant mort, abattu par sa mère, finit par se suicider.
La Casa de Bernarda Alba (titre original), est interprètée par : Louise Conte (Maria Josepha), Annie Ducaux (Bernarda), Bérangère Dautun (Amelia), Christine Fersen (Angustias), Aline Bertrand (La Poncia), Marcelle Arnold (Prudencia), Isabelle Adjani (Adela), Fanny Delbrice (Martirio), Béatrice Agenin (Magdalena), ainsi que les élèves de l'Ecole.
FEDERICO GARCIA LORCA Célèbre poète et écrivain de théâtre, Federico Garcia Lorca est né le 5 juin 1898 à Fuente Vaqueros dans une famille de propriétaires aisés. Jeune homme, il fit ses études en philosophie, en littérature et en droit à Madrid, tout en sachant que sa véritable vocation est la poésie. Il publie un premier livre, Impressions et Paysages (1918), puis le Livre de Poèmes (1921), et le Romancero Gitano (1928). Après un séjour d'un an à New York et à Cuba (1929-1930), il parcourt l'Espagne avec la compagnie théâtrale La Barraca. Il est alors en pleine gloire, écrit des poèmes et des pièces de théâtre (Noces de sang, 1933) qui sont jouées dans tout le pays. Son art puise dans les traditions populaires espagnoles, chants, poèmes et langues, et se nourrit des réalités historiques et sociales. Ce qui l'amène à se dresser contre la menace fasciste et les risques de guerre : il sera l'une des premières victimes du franquisme. Surtout reconnu pour son talent d'écrivain, Lorca était aussi un peintre et musicien accompli. Ses oeuvres musicales s'inspirent de la musique et du folklore gitans, plus particulièrement du flamenco, musique populaire de son Andalousie natale. Il fut arrêté sur dénonciation, et passé par les armes par un peloton de la Phalange le 19 juillet 1936.
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