LA DAME AUX CAMELIAS

 

C'est à l'initiative de Robert Hossein, à qui le groupe Pinault a confié le Théâtre Marigny à Paris, que s'est monté le projet de La Dame aux Camélias dans le courant de l'année 1999. Lorsque l'ancien professeur d'Isabelle Adjani lui propose le rôle, elle accepte immédiatement : "Lorsque je lui ai soumis ce projet, elle a dit oui tout de suite, raconte-t-il, et je l'ai retrouvée exactement comme à ses débuts. Elle m'avait alors subjugué. D'elle se dégageait une lumière admirable, quelque chose d'étonnant, de rarissime». Et Isabelle ajoute, comme elle l'explique lors d'une interview accordée au Figaro le 27 avril 2000 : "Il voulait inaugurer sa direction artistique à Marigny avec cette pièce et il m'a dit : "Tu n'as pas le droit de refuser le rôle de Marguerite Gautier"; ça m'a fait rire et j'ai accepté en cinq minutes".

Mais Robert Hossein que ses obligations administratives et d'autres projets, empêchent de mettre en scène cette "Dame aux camélias", en confie la réalisation à l'animateur argentin du Groupe TSE, Alfredo Arias. Ce choix est principalement une idée de René de Ceccaty auquel Robert Hossein et Isabelle avaient demandé au départ l'adaptation théâtrale. Ceccaty et Arias ont déjà plusieurs fois travaillé ensemble, notamment sur "Faust Argentin", "Mortadela" et "Peines de coeur d'une chatte française". Ils vont totalement reconstruire la pièce, non à partir de celle d'Alexandre Dumas fils, trop pompeuse et statique pour les gouts contemporains, mais à partir de son roman.

A la mi-juillet 2000 commencent les répétitions. Isabelle d'abord travaille seule, à huis clos avec le metteur en scène et l'auteur. Puis avec toute la troupe, qui se montre très unie et en parfaite harmonie. Commence alors la valse ininterrompue des journalistes réclamant qui un entretien avec la "star revenante", qui d'assister aux répétitions. Isabelle refuse tout contact direct avec la presse, hormis une ou deux exceptions : elle veut travailler en paix, se concentrer, se consacrer totalement à la préparation de son rôle. Ceux qui ont été écartés se vengent aussitôt en répandant d'impossibles rumeurs : "Isabelle, la reine des capricieuses a écoeuré Robert Hossein qui jette l'éponge", Isabelle la mégalomaniaque s'est fait construire et décorer une loge pharaonique", "Isabelle a tellement peur du public qu'elle a fait reculer les fauteuils de 15 mètres", "Isabelle tape sur les nerfs de ses partenaires"..etc...Or la réalité est tout autre : une petite pièce de 12 mètres carrés, encombrée d'un fatras de pensionnaire studieuse, de bouquins et de fleurs. Un premier rang, d'où si on allonge les jambes, les pieds disparaissent sous le rideau qui borde l'avant de la scène. Les autres comédiens qui défilent dans sa loge pour lui dire merci pendant qu'elle reçoit ses amis venus l'embrasser. Robert Hossein, qui malgré son genou blessé, vient voir si tout va bien. Mais cela, personne ne le dit...

Le 18 octobre, enfin a lieu la Première, publique. Les réservations, ouvertes depuis fin juin, sont déjà complètes sur les deux premiers mois, et présagent que la pièce va se jouer à guichets fermés pour ses cent représentations. Les journalistes ne seront conviés que la semaine suivante, au cours de trois soirées spéciales, et ont du mal à digérer la chose : bien des critiques se veulent intentionnellement malveillantes. Mais nul n'en a cure ! Il suffit d'aller voir La Dame pour s'en rendre compte : chaque soir, chaque matinée, les comédiens ont droit à une standing ovation. Tout le monde est bouleversé, les roses volent de partout vers la scène, Isabelle fait l'objet d'une ferveur largement justifiée par un jeu et un engagement personnel si profonds que l'on s'interroge sur son extraordinaire faculté de récupération. Lorsque je lui demande comment elle arrive à donner autant d'elle-même, émotionnellement et physiquement (avec une heure de repos à peine entre deux séances les jours de matinée), et si c'est à chaque fois comme ça, elle me répond : "Parce que nous recevons énormément. Le public nous donne tellement, c'est un échange permanent, sans cela ce ne serait pas possible."

Il existe, de manière absolue et certaine, une incroyable alchimie entre Isabelle et tous ceux qui la regardent incarner Marguerite. Tout simplement car elle n'a jamais triché, biaisé, ni avec elle-même, ni avec ceux qui l'aiment et l'admirent. Ses larmes de désespoir et d'agonie ne sont pas feintes, et les sourires très émus qu'elle offre avant de disparaître, aux spectateurs tremblants et médusés par sa performance, ne le sont pas non plus.

Décembre 2000

 

Les auteurs :

Alexandre Dumas
René de Ceccaty
Alfredo Arias

Générique

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Autour de "La Dame aux camélias"


 
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