Biographie 1981-1995

 

Isabelle était en Algérie le 2 novembre 1988 pour assister à un meeting sur le campus de Bouzareah, près d'Alger, à l'occasion du référendum et "pour soutenir la naissance d'une démocratie".
©Raphaël Gaillarde / Gamma pour Actuel décembre 88.

Immédiatement après, Isabelle rejoint les plateaux de Carlos Saura pour Antonieta, puis ceux de Jean Becker pour L'été meutrier et ensuite ceux de Claude Miller pour Mortelle Randonnée. Les trois films ne sortiront qu'en 1983. Auparavant elle abandonne en cours de projet Prénom Carmen de Jean-Luc Godard, et Benvenuta de André Delvaux. Pour expliquer son départ, elle dit à propos de Godard :"Pendant ces quelques jours avec lui, je me suis sentie sans protection, vulnérable...Il a un enthousiasme très pudique, et je crois que pour saisir ce qu'il a de tendre et de chaleureux, il faut avoir la pêche. Et moi, je n'étais pas assez en forme pour affronter ses méthodes de tournage magnifiquement perverses. Ce n'était pas le moment. C'est aussi bête que ça. Alors je suis partie...".

Isabelle trouve l'expérience Saura décevante, mais s'enthousiasme pour ses deux autres films de l'année. Elle s'entend à merveille avec Miller : "On rit beaucoup sous cape tous les deux. Il est formidable : on a l'impression qu'il libère tout son temps pour les comédiens. Il distingue très bien les responsabilités de chacun sur un plateau, et il sait faire confiance aux autres...Et puis à travers sa façon de filmer, il parvient à rendre une intensité, un trouble très particuliers. Il arrive à transcender des présences et à gonfler de sève, comme ça, une expression, un regard...". Quant à L'été meurtrier : "Jean Becker me l'avait proposé il y a trois ans. Et j'avais dit non parce que je n'en avais pas le culot...Dans le script, il y avait des choses dramatiques que je n'avais encore jamais faites de cette manière-là et des choses drôles que je n'avais encore absolument jamais jouées...".

Transit par la publicité. Isabelle Adjani, figure emblématique des années 80 selon Jacques Séguéla, comme le fut Catherine Deneuve dans les années 70, tourne deux spots pour les marques LUX (le savon des stars !) et la lessive Woolite. Ce sont les seules pubs télé qu'elle fera en France. Mais elle posera plus tard aux Etats-Unis pour les chaussettes GAP, et en France pour Renault et Lejaby, ainsi que bénévolement pour l'AICF.

Février 1984, Isabelle obtient son second César pour L'été meurtrier. Elle est au box-office la star la plus aimée et admirée des Français. Tout le monde s'incline : elle est géniale. Isabelle veut revenir au théatre dans une pièce de Strindberg : "Mademoiselle Julie, pour moi, c'est métaphysique. Un chemin de croix. Strindberg n'est pas un auteur qui peut rester tout seul sur une scène. Il se produit, à cause de lui et autour de lui, des tas d'accidents occultes. Tout un monde tellurique entre soudain en action, qui attire vers les démons ou vers les anges, qui vous laisse abasourdi ou en état de béatitude.". Mais elle arrête après une cinquantaine de représentations, épuisée et éreintée par la critique :"J'ai eu tort d'avoir voulu que tout soit comme avant, d'avoir voulu retrouver le plaisir innocent de jouer comme lorsque j'étais au Français. C'était de la folie, de la pure folie.".

Dans le courant de la même année sort un album de chansons signées Serge Gainsbourg, dont Pull Marine qui connaît un immense succès, toujours d'actualité aujourd'hui. C'est Luc Besson qui en réalise le clip. Et en 1985, il lui propose le rôle-titre de Subway : Héléna, en compagnie d'un jeune acteur révélé par Greystoke, Christophe Lambert. Isabelle raconte :"J'aime bien la personnalité de Luc. Sa franchise, sa netteté, sa force incroyable. Il m'a donné le scénario à lire. Je l'ai lu immédiatement et j'ai été sidérée. Cela ne ressemblait à rien d'autre. Il y avait des personnages incroyables, des images audacieuses et pas du tout show-off. J'étais surprise à chaque scène. C'était simple, rapide, avec un humour immédiat...".

Rumeur ignoble, Isabelle serait atteinte du sida, Isabelle serait morte. Mais Isabelle débarque au Journal de 20 heures de TF1 et prouve en direct à la télévision qu'elle est bien vivante et en pleine forme. Balayées les horreurs de fin 86, début 1987, Isabelle part tourner Ishtar aux Etats-Unis : "Je l'ai fait parce que c'était un scénario bien foutu...et en plus parce que c'était un très joli rôle.", et devient Présidente de la Commission d'Avance sur Recettes, pour laquelle elle s'implique énormément. Elle se bat pour des causes humanitaires : Campagne contre la faim, SOS Racisme. En 1988, elle retrouvera ses racines en se rendant en Algérie, à la veille du référendum proposé par le Président Chadli, pour "soutenir la naissance d'une démocratie".

Mais d'abord, en 1987 commence aussi le tournage de Camille Claudel pour lequel Isabelle est outre l'actrice principale, art-producer. Elle veut participer aux choix artistiques. Le rôle de Camille fascine Isabelle : passion amoureuse, pulsion créatrice, élévation de l'âme au travers de l'art, comment résister ? Cela fait déjà un an et demi que le projet s'élabore, il en faut encore deux jusqu'à la sortie en décembre 1988 :"On a veillé à ne pas trop éclairer les zones d'obscurité, à ne pas linéariser sa vie. Et on est toujours partis de la réalité, d'informations de base (Le livre de Reine-Marie Paris et trois valises de correspondance familiale des Claudel confiées à Isabelle et Bruno Nuytten). Des décors aux costumes, jusque dans les mots, tout a été construit en partant d'indications vraies, relevées pour vitaliser et énergiser le film.". Ce dernier est un triomphe est Isabelle est récompensée par un troisième César en 1989 ! Elle est aussi une nouvelle fois nominée pour les Oscars.

Pause : Isabelle aime. Elle disparaît des écrans et part vivre à Londres avec Daniel Day Lewis. Elle veut vivre pleinement et elle a bien raison, mais qu'est-ce qu'elle nous manque ! En 1993, enfin, elle réapparaît en clôture du Festival de Cannes, dans Toxic Affair, hors compétition. Le film ne connaît pas un franc succès, pourtant c'est une comédie subtile et douce-amère sur le destin...

La Reine Margot est alors en cours de production. Le tournage commence au Théatre des Amandiers où Patrice Chéreau filme les intérieurs, et va se poursuivre dans la cathédrale de Saint Quentin et à Bordeaux. Là encore Isabelle explose et nous offre le meilleur d'elle-même :"C'est un personnage complexe. La reine Margot, réinventée à partir du roman de Dumas, vit d'une manière tribale avec ses frères. Elle vit l'amour et le sexe sans lois ni tabous. Elle est à la fois très primitive et très moderne. Ce qu'elle veut, elle le prend. Ou bien elle se laisse prendre. Son éducation a le goût du sang. Le sang du massacre de la Saint-Barthélémy.". Le film arrive sur les écrans en avril 1994, grandiose. Isabelle est couronnée par un quatrième César en février 1995...mais elle n'assiste pas à la cérémonie et s'en excuse pour cause de grossesse ! Gabriel-Kane naît le 9 avril à New-York.

Michèle Halberstadt réalise une interview d'Isabelle Adjani moins d'une semaine après que la rumeur l'ait dite morte. La légende des illustrations précise : "Ces photos, celle de la couverture et celle de la double page précédente ont été réalisées pour Première le 15 janvier 1987, à Paris".
©Marianne Rosenstiehl / Première n°119.

Isabelle et son bébé de huit mois, Gabriel-Kane. ©Dominique Issermann / Sygma / Elle n°2609.

 
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